« Le changement climatique va plus vite que nous » a déclaré António Guterres, Secrétaire Général des Nations Unis, dans son discours du 10 septembre dernier. Oui, la planète a ses limites, la croissance basée sur les ressources naturelles ne peut être infinie sur Terre. C’est un constat.
Oui, le système s’emballe. Au point de remettre réellement en question le système qui a permis à l’humanité d’améliorer globalement les conditions de vies des humains. Le prix de ce que l’on appelle « le progrès », lequel est entièrement dû aux précieuses ressources énergétiques, devient trop lourd pour la terre – pour l’humanité. L’éclairage onusien est très clair : les propositions d’amélioration à la marge ne suffisent pas. En effet, l’ONU propose des rapports publiés tous les 4 ans pour préparer l’avenir et éclairer les dirigeants. Le dernier, initié en 2016, le Global Sustainable Development Report 2019, propose des changements de paradigme économique, économiques et de gouvernance en profondeur – allant bien au delà du sujet de la tarification carbone.
L’un des chapitres résume bien l’esprit des préconisations du rapport : « new economic thinking for the turbulent years ahead ». C’est radical. Le constat est que les modèles économiques qui soutiennent les décisions politiques des pays riches ignorent complètement les paramètres liés aux ressources énergétiques et naturelles. Comme c’était commode en effet. Le résultat est que, avec une boussole économique faussée, les dirigeants de ce monde sont incapables de prendre le bon cap. Atteintes à la biodiversité, changement climatique, effets de la pollution sur les écosystèmes et la santé humaine ainsi que augmentation des inégalités, du chômage et de la dette : tous les indicateurs sont dans le rouge. Conclusion : les modèles économiques d’hier et d’aujourd’hui sont parfaitement inadaptés pour le monde de demain. cf p. 2 du rapport.
Pour l’ONU, seule l’échelle de l’état peut déclencher l’action et surtout atteindre l’échelle nécessaire au changement en profondeur. Le rapport onusien en appelle au leadership d’un groupe d’états « progressistes » en vue de s’organiser pour mettre en oeuvre la transition via des programmes d’investissements publics massifs d’un côté et d’une règlementation en faveur du climat et de l’environnement de l’autre cf page 6 du rapport. On est loin du libéralisme à tout va.
Si ces constats sont connus, ces préconisations, venues de l’ONU sont incroyablement radicales. Elles auront fait grand bruit dans la presse économique sans doute. Et bien pas tant que cela. Curieux non? Une simple recherche sur les moteurs, page actu – donc pas du tout exhaustive évidemment mais quand même – et on ne trouve pas grand chose, c’est presque édifiant de silence. Marrant comme on aime pas voir certaines mauvaises nouvelles quand on ne veut surtout pas se remettre en question.
Des journaux scientifiques ont repris l’info évidemment. Pour l’analyse de Marie Céline Ray, dans Futura Sciences c’est ici et pour celle de Yoann Demeure dans Science Post c’est là.
Et à l’étranger, on notera l’article du quotidien britannique The Independent, qui interprète le rapport comme celui qui interroge sur la fin du capitalisme, a minima le capitalisme tel que nous le connaissons.
Bien sûr, cela ne veut pas dire que la news a été ignorée de tous. Des visionnaires – certes Cassandres et pas drôles du tout – comme JM Jancovici ont relayé l’info. Evidemment aussi, comme il dit, « Dormez tranquille jusqu’en 2100 – et autres malentendus sur le climat ». Allez, taisons nous, ça passera.
C2line Puff Ardichvili