À propos

Capture d_écran 2018-06-24 à 18.40.41Qu’est ce qu’une entreprise contributive ?

L’entreprise contributive : concilier monde des affaires et limites planétaires, c’est possible ? En nous inspirant de nombreuses rencontres et observations, discussions et lectures, travaux et expériences, nous avons décrit l’entreprise contributive dans un live éponyme paru chez Dunod en avril 2021. 

L’entreprise contributive n’est pas un concept. C’est un objectif. Et l’atteindre n’est pas une utopie. C’est une nécessité.

Partons d’un constat. L’entreprise d’aujourd’hui est plus ou moins prédatrice nette de ressources (matières premières renouvelables et non renouvelables) et génère directement ou indirectement des effets non désirés et non désirables. Ce sont des externalités négatives sociales (précarité subie de certains contrats de travail par exemple) et surtout environnementales (émissions de CO2, pollution de l’air, de l’eau, destruction de la biodiversité etc.) tout au long du cycle de vie de ses produits.

En effet, que la nature des produits fabriqués soit matérielle (ex : des voitures) ou immatérielle (ex : des prêts bancaires), l’impact d’une entreprise n’est pas nul pour l’environnement qui pourtant représente son premier actif. Car faut-il rappeler que oui, tout business n’est que de la matière première transformée, extraite d’écosystèmes interdépendants, avec de la chimie, des moteurs, beaucoup d’énergie primaire et de l’intelligence humaine.

Alors pourquoi la préservation de l’environnement n’est-elle pas mieux prise en compte dans l’équation économique ? Parce que l’homme a toujours considéré que sa résilience et ses ressources sont inépuisables, ce qui, on le sait aujourd’hui, est faux, et qu’elles sont gratuites, ce qui est toujours quasiment vrai ! La nature serait donc généreuse par nature, il n’y aurait aucune raison de se priver… Et c’est pour cette raison qu’aucune provision pour amortissement n’est calculée pour reconstituer les stocks, aucune taxe n’est suffisamment élevée pour dissuader efficacement l’usage des produits polluants, aucun dispositif financier ne permet de calculer précisément les préjudices globaux pour l’environnement des activités humaines, ni ceux d’hier ou d’aujourd’hui, encore moins ceux de demain. Les indicateurs de richesses au niveau des Etats et des entreprises ne mesurent que des flux financiers et jamais la bonne santé des écosystèmes dont pourtant toute vie terrestre dépend – y compris celle de l’entreprise, cela va sans dire mais c’est plus clair en le disant.

La vocation de toute entreprise responsable devrait être de créer de la valeur pour ses clients (les produits et/ou services), ses actionnaires (les dividendes), ses collaborateurs (les salaires), la société civile (les impôts, les fournisseurs…) au travers de solutions commerciales qui produisent des biens et services attendus par ses clients et usagers (par exemple, la construction d’infrastructures d’équipement ou de transport, la production de denrées alimentaires, l’apport de services médicaux). Mais elle ne peut pas le faire aux dépends de son premier actif – son environnement. La responsabilité doit être de veiller à son entretien et au-delà, à sa régénération, précisément.

Alors oui, bien sûr, on peut et doit tendre à l’atténuation des externalités négatives – pollution, appauvrissement des humains et des sols, émissions de CO2 etc. comme sus cités. Mais cela ne suffit plus. Tout comme il ne suffit plus d’embaucher des CHO (Chief Happiness Officer) pour redonner du sens aux collaborateurs. Ni de redistribuer du profit – via le mécénat notamment, même s’il peut être complémentaire – en ne remettant (surtout) pas en cause les modèles anciens. Il ne s’agit plus de faire « mieux », en étant moins impactant négativement, tendant vers un delta neutre. Il faut désormais faire « bien ». Et cela impose de faire « autrement ».

La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent.

 

Albert Einstein.

L’entreprise contributive cherche forcément à synchroniser sa stratégie avec les faits scientifiques – ne pas le faire serait prétendre vivre et se développer hors sol ! Elle rechercher activement et pro-ativement la création d’ externalités positives. Et elle est prête à remettre en questions ses modèles d’affaire pour cela. Elle adopte un modèle de gouvernance ouvert et inclusif pour cela, et elle implique ses collaborateurs – parce qu’ils veulent s’impliquer ! Elle constate par ailleurs qu’elle ne s’en porte que mieux. C’est ce que nous cherchons à démontrer au travers d’exemples concrets.

Et nous ne sommes pas les seuls. Aujourd’hui, les entreprises les plus clairvoyantes s’engagent dans cette voix. L’entreprise à mission émerge. La Loi Pacte ouvre les champs des possibles. Et au delà, les b-corp se multiplient. Les noms, les moyens et les métriques diffèrent, mais l’esprit est là : l’entreprise de demain sera contributive.

Faisons un rêve, imaginons que chacun des impacts sociaux et environnementaux de l’entreprise soit net positif, c’est-à-dire qu’elle contribue matériellement aux biens communs (au sens des Objectifs du Développement Durable – ODD) et au bien-être de l’individu ! Imaginons que l’entreprise :

  • améliore la qualité de vie et la santé des gens,
  • réduise les inégalités en tout domaine et notamment l’accès à l’énergie,
  • reconstitue les stocks de matières primaires renouvelables,
  • s’affranchisse de l’utilisation des matières premières non renouvelables, hors celles issues du recyclage,
  • génère de la biodiversité,
  • restaure la qualité de l’air, de l’eau, des sols…,
  • contribue à laisser une planète désirable…. Aujourd’hui et pour les générations futures;-)

Imaginons que l’ensemble des impacts des entreprises soit contributif net de bien-être ! Une utopie de plus ? 

Ne doutez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés puisse changer le monde. C’est même de cette façon que cela s’est toujours produit.

 

Margaret Mead.

A travers ce blog, nous entendons présenter d’une part, les solutions positives des « faiseurs célèbres ou anonymes du quotidien » et d’autre part, les témoignages bienveillants de personnalités qui partagent la conviction qu’il est possible de « faire autrement ». Nous aimerions inviter les personnes – nombreuses ! – qui imaginent une autre forme d’entreprise, à partager leurs expériences. Et à donner envie d’aller dans cette direction.

Avez-vous déjà assisté à une ola dans un stade ? Elle part d’un petit groupe d’individus, et elle gagne, par contagion, tout le stade. Nous n’avons aucun doute que les entreprises contributives inspireront les autres. Ainsi nous pourrons lancer la ola des actions qui changent le monde et accélérer les itérations d’initiatives qui conduiront à l’émergence de l’entreprise contributive et peut-être demain à la ville contributive et après-demain au monde contributif.

Fabrice Bonnifet, très engagé dans l’entreprise qui l’emploie, auprès d’étudiants et ailleurs, moteur auprès de ses pairs et des autres, acteur par l’action et par l’exemple. Fabrice est directeur RSE et QSE du Groupe Bouygues, président du Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D) et administrateur du Shift Project.  @Fbonnifet

Céline Puff Ardichvili, « tombée dedans » quand elle était petite, multi-récidiviste à la fois du développement durable et de la communication, milite pour une com’ un peu plus responsable, par diffusion et par contagion. Céline est co-fondatrice de l’agence conseil Look Sharp@CelinePuffArdi

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